Annie Girardot est décédée dimanche. Au lendemain des César qui n'ont jamais récompensé sa carrière. Seul, un César du second rôle lui a été décerné pour "La Pianiste" où elle était tragique et humaine.
La vie d'Annie Girardot a été flamboyante: les plus beaux hommes l'ont tenue dans leurs bras, elle a joué dans des films légers et profonds, les spectateurs l'ont aimée. Malheureusement, l'Alsheimer l'a rattrapée et a grignoté sa mémoire. Quoi de plus terrible que de perdre son passé. Pour une actrice mais pour l'être humain en général. Ne plus se souvenir de son existence, être incapable d'en parler, être dans l'impossibilité de retracer sa carrière, c'est se retrouver nu comme au premier jour. Mais, au contraire d'un nouveau-né qui a tout à construire, la personne atteinte de cette maladie ne peut rien faire contre, elle ne se rend même pas compte de sa dégradation mentale.
Les hommages sur France 5 et TF1, hier soir, étaient dignes. On y voyait cette grande comédienne ne pas croire l'intervieweur qui lui disait qu'elle avait tourné dans 250 films pendant 50 ans. Elle pointait du doigt sa tempe pour le traiter de fou. Scène profondément émouvante à pleurer qui donne à réfléchir sur la fragilité de l'homme face à son destin.
Annie Girardot a rejoint ses anciens partenaires, Philippe Noiret, Michel Serrault et les autres. Elle a sûrement retrouvé la mémoire avant de la perdre à nouveau en renaissant.
Nous, en tout cas, nous ne l'oublierons pas tant que notre mémoire nous sera fidèle. L'Histoire du cinéma français vient de tourner une nouvelle page. Espérons que les bobines soient immunisées contre l'Alsheimer...
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